CAN 2022 : Mohamed Salah qualifie l’Egypte in extremis pour les quarts de finale Les Pharaons l’ont emporté face aux Eléphants de Côte d’Ivoire à l’issue d’une séance de tirs au but, mercredi à Douala.

C’est un classique. Une affiche qui revient comme un joli refrain qu’on aurait du mal à oublier. Côte d’Ivoire-Egypte est l’un des duels qui a été le plus proposé dans l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), avec dix confrontations au compteur. L’avantage est important pour les Pharaons, avec sept victoires, deux nuls et seulement une défaite. Mercredi 26 janvier, à 17 heures, lors de cette dernière journée des huitièmes de finale, les Ivoiriens espéraient pourtant remporter un deuxième succès sur leur bête noire venue des bords du Nil, sur cette pelouse du stade Japoma, à Douala.

Les Elephants étaient en pleine ascension dans ce tournoi, galvanisés après leur triomphe, au tour précédent, face à l’Algérie (3-1), tenante du titre. La sélection commençait enfin à se sentir mieux, comme libérée d’une pression qui avait fini par l’étouffer. « Je vous l’ai déjà dit, cette équipe a une âme, un potentiel énorme », soulignait Patrice Beaumelle, le sélectionneur. Pour « aller le plus loin possible » dans cette CAN, le Français s’est appuyé sur un effectif éparpillé dans les plus prestigieux clubs européens. Seul un international joue dans le championnat ivoirien (Abdoul Karim Cissé à l’ASEC Mimosas).

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Les Eléphants ont pu compter sur leur capitaine, Serge Aurier (Villarreal), défenseur décomplexé, poussé naturellement vers l’attaque ; leur virevoltant attaquant Nicolas Pépé (Arsenal), qui avait fait tourner tel un derviche la défense des Fennecs algériens ; et leurs buteurs Sébastien Haller (Ajax Amsterdam), Franck Kessié (Milan AC) ou Max-Alain Gradel (Sivasspor), qui ont tous marqué depuis le début du tournoi.

Un huitième de finale engagé, serré, mais peu captivant

Chez les Egyptiens, c’est l’inverse. Sur les 28 joueurs alignés sur la feuille de match, l’immense majorité d’entre eux évoluent dans leur pays, principalement au Zamalek et à Al Ahly, deux clubs du Caire. Cinq joueurs font exception, dont Mohamed Salah. Au stade, l’attaquant de Liverpool a été acclamé par ses concitoyens des tribunes et par les Camerounais. Ces derniers penchent volontiers pour l’Egypte : ils n’ont pas aimé que leurs « frères ivoiriens », comme ils disent, les moquent sur les réseaux sociaux, après la victoire étriquée des Lions indomptables, lundi 24 janvier, sur les Comoriens qui ont joué leur huitième à dix et sans gardien.

Depuis le début de la CAN, les Egyptiens ont été peu séduisants et peu redoutables : une défaite contre le Nigeria (0-1) et deux courtes victoires face à la Guinée-Bissau (0-1) et au Soudan (1-0), deux nations pas vraiment effrayantes. Salah, l’attaquant star de Liverpool, icône égyptienne du football, est, comme son partenaire de club, Sadio Mané (Sénégal), en manque de rythme, d’efficacité, de fulgurance. Un seul but en trois matchs.

Ce huitième de finale fut finalement engagé, serré, mais peu captivant, et décevant sur cette pelouse du stade Japoma aux 50 nuances de vert. On s’attendait à une bataille technique, à de la vitesse, de l’élégance et de la folie. Après avoir été dominés durant les vingt premières minutes du match, les Egyptiens imposent peu à peu leur tempo. Ils se montrent plus incisifs (frappes cadrées, transversale) durant la première mi-temps. Les Eléphants sont bien en place. Muraille orange dressée face aux Pharaons, rien ne passe. Les deux équipes restent prudentes : on ne s’expose pas trop pour éviter un contre ; on construit pour ne pas se précipiter – pour ne pas dire gâcher – et rendre la balle à l’adversaire.

Toutefois, l’enjeu – une qualification pour les quarts de finale – pousse les équipes à attaquer, et frapper, encore et encore : 21 tirs pour l’Egypte (5 cadrés), 13 pour la Côte d’Ivoire (8 cadrés). Comme souvent au stade Japoma, on sent les joueurs s’épuiser tout au long du match sous la chaleur moite de Douala (une trentaine de degrés et 78 % d’humidité).

Un beau parcours dans la compétition

Dès que Mohamed Salah touche le cuir, le public frémit au son des vuvuzelas et darboukas. Mais le capitaine, parfois égoïste, et pas très généreux avec ses coéquipiers, n’a rien pu faire face à Badra Sangaré, le gardien ivoirien, une nouvelle fois décisif. Le portier égyptien, lui aussi, s’est illustré.

Le match a du mal à s’emballer, chacune des sélections tente de pousser sans réussir à éviter les prolongations. Peu avant la fin réglementaire, Mohamed El-Shenawy, qui venait de réaliser en deux-temps une parade devant Wilfried Zaha, sort sur blessure.

Dans un ultime frisson, peu avant la 120e minute, l’Egypte à une occasion en or pour plier la rencontre ; mais Sangaré, encore lui, arrête la frappe. Au coup de sifflet, les 14 046 spectateurs (sur les 50 000 places disponibles) donnent de la voix, surexcités d’assister aux tirs au but, la deuxième séance de ces huitièmes de finale.

L’ambiance est électrique. La Côte d’Ivoire joue définitivement en terrain hostile. Enfin le match a un intérêt. Lorsque l’Ivoirien Nicolas Pépé s’approche du point de penalty, il se fait huer comme s’il était un ennemi de la patrie camerounaise. Il marque d’un contre-pied. Index sur la bouche, il demande au public de se taire. Puis, c’est au tour du troisième tireur ivoirien, Eric Bailly. Sa frappe – incompréhensible – est détournée par le gardien remplaçant. Les Egyptiens, eux, ne manqueront pas le cadre. C’est, bien sûr, Mohamed Salah, dernier tireur, qui trompe Sangaré et envoie les Pharaons en quarts de finale (0-0, 5 à 4 aux tirs au but). Ils affronteront le Maroc, le 30 janvier. A ce moment-là, les cris du public sont si intenses qu’ils font presque trembler les tribunes.

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Les Elephants, peu flamboyants ce soir, sont éliminés d’un rien, eux qui ont eu un si beau parcours dans cette compétition. Eliminés aussi des qualifications au prochain Mondial, au Qatar, ils auront le temps de peaufiner leur jeu pour la prochaine CAN qui aura lieu l’an prochain en… Côte d’Ivoire. Ce sera leur 25e participation en Coupe d’Afrique. Si l’Egypte s’y rend, le pays jouera son 26e tournoi. Toujours devant.

source: le monde

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