Algérie: Abdelmadjid Tebboune dit vouloir tendre la main aux manifestants

Le nouveau président algérien, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, a donné ce vendredi 13 décembre une conférence de presse à Alger où il a annoncé vouloir tendre la main au mouvement de protestation.

Le président fraîchement élu a fait des promesses de changement lors de sa conférence de presse. Abdelmadjid Tebboune a cherché à rassurer. Dans un premier temps, en affirmant qu’il n’était pas la continuité du système.

Prêt à discuter avec le Hirak

Le président algérien a annoncé des changements institutionnels comme la nouvelle Constitution et une nouvelle loi électorale. Il a montré qu’il était à l’écoute des aspirations sociétales qui traversent le mouvement de protestation. Et a promis aux jeunes de travailler pour leur intégration politique et économique.

Il a aussi répété qu’il tendait la main aux protestataires et qu’il était prêt à discuter directement avec des membres du Hirak. Dans la forme également, il a tenté de donner une nouvelle image. La conférence de presse était retransmise en direct par les médias. Elle se tenait en partie en dialecte algérien, et non pas en français ou en arabe classique, et surtout, les journalistes ont pu y poser leurs questions.

Mais le nouveau président n’a pas eu de propositions précises à faire à ceux qui soulignent l’important taux d’abstention.« Un pourcentage ne fait pas la légitimité », a-t-il rétorqué.

La nouvelle Constitution soumise à un référendum

Abdelmadjid Tebboune s’est également engagé à lutter contre la corruption. Il s’est aussi engagé à « amender la Constitution qui sera soumise à un référendum populaire ».

« L’un de mes premiers engagements avec le Hirak, avec les Algériens et les Algériennes, est d’aller rapidement, durant les premiers mois de ma présidence vers le changement de la Constitution », a affirmé le nouveau président.

Ce changement représentera la nouvelle République algérienne. Je voudrais un changement profond à travers une nouvelle Constitution conçue avec tous ceux qui sont concernés. J’appellerai, nos universités, nos professeurs de droit constitutionnel, les intellectuels et tous ceux qui le veulent à participer à l’enrichissement de notre nouvelle Constitution. La première version sera mise en discussion, à l’intérieur de l’Algérie et à l’extérieur auprès des communautés algériennes. La Constitution sera ensuite soumise à un référendum populaire. Quand le peuple l’acceptera, nous entrerons réellement dans la nouvelle République.

Un pas en avant

« Quand il dit qu’il va dialoguer avec le Hirak, déjà c’est un pas en avant. C’est la première fois qu’on reconnait cette force-là, parce qu’on fait partie de la majorité du peuple qui a sanctionné ce scrutin (…) Il doit répondre favorablement à nos revendications s’il veut avoir un brin d’espoir sinon on ne s’arrêtera pas », réagit un jeune militant du Hirak, après le discours Abdelmadjid Tebboune.

Le président algérien s’est engagé à amender la Constitution. « Tout le monde reconnait que depuis l’indépendance ce sont les Généraux qui ont placé tous les présidents et tous les hauts décisionnaires. On est dans la continuité de ça malheureusement et je ne sais pas si ces gens-là pourront apporter quelque chose de neuf », estime ce jeune militant du Hirak.

« Il y a beaucoup de points d’interrogation. Est-ce qu’on vraiment faire de ce pays un pays digne ou pas ? C’est-à-dire construire notre pays parce qu’on a pratiquement rien fait depuis 57 ans. Je veux y croire, mais vraiment je ne sais pas », témoigne-t-il.

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« Pas de changements de la politique »

Le mouvement de mobilisation du Hirak avait appelé les Algériens à boycotter cette élection présidentielle. Et à descendre dans les rues ce vendredi. À Oran, une manifestation a été violemment réprimée.

« C’est une élection qui est à l’avance disqualifiée. Dans son discours, il tend la main aux manifestants. Le jour de l’élection, il y a des centaines de manifestants interpelés, des centaines de blessés à Tizi Ouzou. À Oran il y avait une forte répression des manifestants, des dizaines d’interpellations, donc on n’a pas vu de changements de la politique dans le comportement du pouvoir algérien », réagit Kamel Nemmiche, membre du Rassemblement Action jeunesse (RAJ).

« La société considère actuellement que le président qui va être élu c’est un président qui n’aura pas les mensonges pour pouvoir agir, pouvoir changer quelque chose », conclut-il.

RFI

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