8 ans après la crise post-électorale : Soro rompt le silence sur la mort de Tagro, des secrets livrés sur des généraux proches de Gbagbo

S’y attendait-il ou pas ? C’est une véritable rencontre de vérité que Guillaume Soro a eu, ce samedi 9 novembre 2019, à Londres, au 4ème Crush party auquel il prend part avec ses partisans en Europe. L’ancien Premier ministre ivoirien a été amené par des participants à ce Crush party à revenir sur plusieurs pans de son passé à la tête de l’ex-rébellion ivoirienne.

Gardant son sang froid, et intimant à ses farouches partisans en colère de permettre à tous ceux qui le voulaient dans la salle de poser leurs préoccupations sans tabou, le président de Générations et peuples solidaires (Gps) a rompu le silence pour la première fois sur des sujets sensibles comme la mort tragique de l’ancien ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, pendant la crise post-électorale. Selon un des intervenants, il aurait été accusé sur la question par l’ancien ministre, Adama Bictogo.

Les cas Désiré Tagro, Vagba Faussignaux, Dogbo Blé, Guiai Bi Poin…

Piqué au vif, Guillaume Soro a décidé de ne pas en dire davantage, mais de lever un coin du voile sur cette mort. « La ministre Tagro, quand il a pris la balle et qu’on l’a envoyé au Golf (Hôtel), le médecin qui l’a envoyé à la Pisam pour le soigner, c’est mon médecin », a révélé l’ancien Premier ministre et ministre de la Défense au moment des faits, qui rajoute le cas d’autres officiers généraux proches de l’ex-régime qui lui doivent, eux aussi, la vie sauve. « Demandez au Gal Vagba Faussignaux, qui l’a envoyé à la Pisam pour le soigner. Celui qui l’a envoyé à la Pisam pour le soigner s’appelle Guillaume Soro. Le Gal Dogbo Blé qui est encore en prison. C’est un Général que je respecte. Parce que devant les magistrats, il a dit : ‘’si je suis vivant, c’est Guillaume Soro’’. Si le Gal Guiai Bi Poin est là, il peut témoigner. Quand on l’a mis en prison, celui qui est allé d’autorité en prison pour le sortir s’appelle un certain Guillaume Soro. J’aurais aimé que d’autres personnes le disent. Mais, comme vous me poser la question, … ».

En revenant sur le cas Désiré Tagro, Guillaume Soro retourne les regards vers son accusateur. « Très souvent, le criminel revient sur le lieu de son crime. Donc, ceux qui accusent là, aller vérifier. Demandez-vous, à qui profite le crime ? Parce moi, Tagro, c’était mon ministre de l’Intérieur, je n’étais pas en affaire avec lui ». Selon l’ex-chef du Parlement ivoirien démis, si la Commission Vérité et Réconciliation avait bien fonctionné comme en Afrique du Sud, il y aurait eu beaucoup de surprises en Côte d’Ivoire. « Je pense que le processus de réconciliation a échoué en Côte d’Ivoire. Parce que très souvent, je suis resté dans des postures pour couvrir des gens. C’est eux aujourd’hui, qui m’insultent. Votez-moi pour que je vous offre la réconciliation sur la base de Vérité, Réconciliation et Pardon. C’est ce que Charles Konan Banny a voulu faire. C’est pourquoi il a été stoppé », a indiqué M. Soro qui dit s’attendre à ce que ces contempteurs distillent « des boules puantes » sur sa personne depuis qu’il a décidé d’être candidat aux prochaines élections présidentielles.

…Blé Goudé et Damana Pickas

L’ancien leader de l’ex-rébellion a également décliné toute responsabilité dans le casse des agences de la Bceao dans les zones sous contrôle de ses hommes. Un fâcheux précédent qui, souligne-t-il, aurait pu compromettre tout le mouvement qu’il dirigeait. « Je n’avais pas intérêt, en tant que SG du Mpci que la Bceao soit cassée. Parce que c’est moi qui allait être accusé. Ce n’est pas moi qui ai demandé d’aller casser la Bceao ».

Qui est coupable des morts de la crise ivoirienne si Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont innocentés par la Cour pénale internationale (Cpi)? « La guerre en Côte d’Ivoire, on est tous coupable. C’est parce que j’ai compris cela qu’à un moment donné, je me suis levé pour demander la libération de Gbagbo. C’est la Côte d’Ivoire qui m’intéresse. Tout ce que nous faisons doit être au nom de la Côte d’Ivoire. J’ai aussi des choses à reprocher aux gens, mais il faut qu’on aille au delà. Il faut qu’on sorte de l’arrogance », répond Guillaume Soro, qui s’indigne que des gens cherchent à l’indexer comme seul responsable de la guerre. « Nous sommes tous co-auteurs et responsables. J’ai décidé de demander pardon. Ce que je souhaite, personnellement, c’est que Gbagbo soit libéré et qu’il revienne en Côte d’Ivoire. Je dis que si on va au pardon, ça va accélérer beaucoup de chose », a indiqué l’ancien chef de la l’ex-rébellion, qui dit être le mieux placé pour parler de la réconciliation.

Soro a saisi la tribune de Londres pour lancer à nouveau un appel à la réconciliation. Message qu’il a adressé également à l’ex-président Laurent Gbagbo et à son poulain Charles Blé Goudé.

A ce dernier, il a annoncé, pour la semaine prochaine, la visite qu’il avait entrepris de lui rendre « Je serai avec Blé Goudé la semaine prochaine. Les gens qui sont contre la réconciliation là, ils vont avoir mal au cœur. Blé Goudé, c’est mon secrétaire à l’Organisation. On a dormi dans le même lit… », souligne l’ancien leader de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci), qui révèle avoir été celui qui a présenté Damana Pickas et Blé Goudé, ses anciens camarades de lutte, à Laurent Gbagbo. « Il est temps qu’on se remettent ensemble et qu’ensemble, le peuple uni, fasse le pardon et la réconciliation. C’est le sens de ma visite prochaine à Blé Goudé. Pour lui dire que nos divisions nous ont amenés dans des chemins divers, et maintenant remettons nous ensemble pour avancer. Empruntons le chemin du pardon, et laissons les rancunes et les rancœurs… », a indiqué Soro

F.D.BONY

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